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mardi 1 avril 2014

Poésies de Corée de Kim Won-Gil

Nombre de pages : 96 pages
Date de parution : 2012
Fiche du Livre

Quatrième de couverture
« … Dans ce froid intense, où les faisans sauvages
Se recroquevillent dans leurs plumes,
Seules les branches de peuplier
Sont fouettées par le vent,
Elle tient un petit paquet dans ses bras et
Un litre de larmes violettes dans ses yeux… »


Les cinquante-quatre poèmes qui composent ce recueil invitent à une réflexion existentielle sous couvert d’ironie, d’humour et d’idées issues du Zen. La poésie de Kim Won-gil fait part des expériences et saveurs d’une vie : l’amour, la solitude, les relations, la religion, la nostalgie, la joie, le bien-être, le temps et les arts.


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Avis de Blackangel
Tout d’abord, je dois remercier le forum des Accros & Mordus ainsi que les éditions Sombres Rets pour cette découverte. Et pour répondre à Cyril qui a gentiment glissé un mot avec le recueil dans l’enveloppe, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces « Poésies de Corée ».
Il y a une première fois à toute chose et lire des poèmes asiatiques en est une pour moi. Et donner mon ressenti l’est également car pour moi, la poésie se vit intérieurement, il est difficile d’extérioriser les émotions qu’elle crée en moi. C’est donc face à un vrai challenge que je me trouve en cette occasion.
Ce recueil de poésies coréennes de Kim Won Gil a le don de nous dépayser, de nous plonger dans une culture très différente de la nôtre. Il n’est pas question ici de retrouver des structures semblables aux poèmes occidentaux. Mais ce n’est pas un mal pour autant, loin de là. Mon intérêt fut très grand pour ces poèmes traduit en français depuis le coréen par Antoine Coppola et Ko Chang-soo. Cela dut être fastidieux pour conserver le sens des poèmes ainsi que les jeux de mots, l’humour de l’auteur, les émotions qui se dégageaient des poésies originales. Pour ma part, je dirais qu’ils y sont arrivés de fort belle manière car on retrouve tous ces ingrédients qui rendent si prenants ces vers de Kim Won Gil.
L’intérêt de ce recueil ne réside pas uniquement dans les seuls poèmes mais également dans les illustrations qui viennent s’interposées au fil des pages. La réflexion est de mise afin de trouver leur sens. Bien heureusement, si nous ne parvenons à le découvrir, nous pouvons nous référer aux légendes en fin du livre. Celles-ci nous permettent par ailleurs d’en apprendre plus sur la culture de ce pays. Je dois dire que pour ma part, j’étais assez impatient d’apprendre la signification des illustrations.
Intéressons-nous maintenant à ces « Poésies de Corée ». Elles abordent de nombreux sujets tels que les traditions coréennes, les états d’âme de l’auteur, ses voyages, sa vision des choses. Certains sont teintés du Zen, cette forme de bouddhisme insistant sur la méditation. Ceux-ci nous poussent à la réflexion sur notre propre condition, et nous amène à regarder en arrière. Mais même dans ces poèmes plus profonds, l’auteur glisse une touche d’humour. Cet humour semble d’ailleurs partie intégrante de sa personnalité car Kim Won Gil se révèle beaucoup par le biais des vers qui composent ce recueil.
Certains de ces vers m’ont touché bien plus que d’autres, caressant mes émotions à fleurs de peau, réveillant ma vision éthérée du monde. D’autres m’ont plongé au cœur de ce pays qu’est la Corée, soit par ses traditions, soit pas ses paysages si joliment décrits. Et enfin, il y en a également qui m’ont bien fait sourire de par l’humour qui s’en dégageait.
Je me permets de vous en citer quelques-uns pour, je l’espère, vous donner envie à vous aussi de découvrir ces poèmes.

« Qui, par-delà sa mort, dans la souffrance
De son dernier soupir,
Le corps meurtri de larmes,
Renaîtra au monde
Dans un paon. »
Extrait du poème Le Paon (In memoriam)

C’est un poème comme celui-ci qui parle directement à mon cœur, me rappelant les sentiments qui étaient miens en de tristes moments. Mais malgré tout la tristesse des vers, l’auteur y glisse un message d’espoir.

« Un chaud jour de printemps
A l’ombre de fleurs
D’une beauté suffisante,
Sans raison, je me suis encore perdu,
Mon habituelle mélancolie. »
Extrait de Sous les cerisiers en fleurs

Voici une poésie qui sous le regard de l’auteur nous révèle l’une des richesses de son pays et des autres pays asiatiques, la floraison des cerisiers.

Pour les poèmes où l’humour est prépondérant, je vous laisse le plaisir de les découvrir mais ma préférence va à la poésie Dents que je trouve des plus comiques.

Comment pourrais-je mieux conclure cette chronique qu’en vous révélant les vers que je préfère ? Peut-être en vous conseillant de vous laisser dépayser à votre tour par ce recueil de « Poésies de Corée » qui vaut bien un voyage dans ce pays par le biais de ces poèmes qu’il faut lire avec le cœur pour en prendre la pleine mesure. Prenez le temps de vous imprégner de chaque mot et vous ne vous en sentirez que plus conquis.
Je remercie une nouvelle fois Sombres Rets et le forum des Accros & Mordus pour cette magnifique découverte et je terminerais avec une dernière citation.

« A l’écoute de Verdi
La pluie crécelle
Par-delà la rivière d’automne
Où mon cœur se change en larmes. »
Extrait de la poésie La Traviata


Avis de Spleen la Jeune
Vous devez sans doute vous douter de mon penchant pour les lettres et pour la littérature classique. J’aime découvrir et redécouvrir ces livres passés et parfois oubliés … mais je sais également m’ouvrir vers d’autres horizons comme vers ce recueil de poèmes coréens. Un genre difficile à cerner, à comprendre qui s’articule autour d’un monde et d’une culture que je ne connais pas. Un sacré challenge pour ainsi dire. Mais l’avantage de la poésie est que nous n’avons qu’à nous laisser porter par le texte, les mots, les sonorités pour nous laisser imprégner par un monde insoupçonné. Celui de l’auteur lui-même.

A peine avez-vous ouvert ce recueil que vous n’êtes plus chez vous. Vous n’êtes plus dans le train, dans votre lit, au bureau, à la terrasse d’un café derrière une paire de lunettes de soleil. Non. Vous êtes radicalement transporté chez l’auteur, dans son univers. Par les mots, il parvient à nous sortir de notre lecture pour nous faire entendre ce doux silence méditatif. Vous êtes au bord d’une rivière éclairée par la lumière que la lune veut bien vous laisser. Vous n’entendez que le bruit des feuilles des saules pleureurs qui se laissent chahuter par le vent. Tout un univers qui invite au calme, à la sérénité. De simples mots se transforment en images : là est toute la force de la Poésie et c’est en cela que je considère ce recueil plus que réussi. Nous parvenons malgré la différence de culture à effleurer cette dernière. Nous effleurons la Corée et ses paysages mélancoliques. J’ai redécouvert – pour ne pas dire découvert – le plaisir du silence, de la description de sentiments par le paysage. Peut-être m’arrêterais-je la prochaine fois qu’un saule pleureur viendra croiser mon chemin … peut-être.

N’allez pas croire qu’il ne s’agit que de poèmes mélancoliques, béats, plein de sentiments amoureux et ô combien irritants quand on en accumule trop. Non. Ce recueil va bien plus loin. Il s’empare de votre palpitant, le fait battre à son rythme, vous faisant oublier que vous tenez un livre entre vos mains. Ce recueil est à mes yeux une invitation au voyage : pour découvrir la Corée certes ; mais également pour vous découvrir … Oui, vous découvrir. En lisant certains vers, vous vous reconnaitrez. Je m’en fais la promesse et quel plaisir que de prendre un peu de recul sur nos propres expériences grâce à une plume affinée et aussi élégante que celle de Kim Won-Gil.

Alors pour cette tendre découverte, je souhaite remercier le forum Accros & Mordus d’une part mais également les éditions Sombres Rets. Merci de m’avoir permis ce voyage ô combien apaisant.

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